Le reste c’est la suite
de Sarah Kéryna
paru en octobre 2020
12 x 17 cm, 56 page, 10.00 €
ISBN : 978-2-37896-145-9
EAN : 9782378961459
infos / commande : https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=7997&menu=0
Le reste c’est la suite sonde notre présent pour remonter vers le ou les moments de rupture d’une séquence – franchissements, seuils, points de bascule – comme on le fait à la suite d’une expérience traumatique.
Annotations du quotidien, dates, archives, récits de rêves, étymologies, citations, souvenirs d’enfance, scénarios imaginaires, bribes d’intrigues policières, de chansons, de carnets, dialoguent avec un flux de films, de séries télé, de dépêches en continu, d’images d’actualité, à l’intérieur d’une trame qui recompose une mémoire collective et intime de la « catastrophe contemporaine » et sa représentation, traversée par des menaces inédites et la défaite du politique. Avec, pour fils rouges, l’avènement de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’urgence climatique », la sidération des attentats survenus en France en 2015-2016, et, en ligne de mire, d’une révolution massacrée à l’explosion de la violence « dans un pays en paix », la Syrie, comme un miroir tendu.
« Le reste c’est la suite, de Sarak Kéryna, est une sorte de carnet de notes, à mi-chemin d’un journal intime. Transcriptions de rêves, réunions amicales, familiales, présentes et passées, météo, séries télévisées, micro-événements, le traversent avec mélancolie.
Nul procédé formel. Une écriture sans retouche. Une suite simple, comme une litanie. Une suite de brèves personnelles.
Le fil conducteur de ce livre est le deuil. Un travail de deuil. Deuil de la mère, deuil des victimes des attentats djihadistes. Et l’impact sur une vie, sur des vies, l’impuissance, l’accablement, les gestes vains (bouquet de fleurs acheté puis non déposé là où Laura et Mauranne ont été tuées). Une lame de fond sur la manière d’être au monde, désormais fissurée, de Sarah Kéryna, à l’instar de celle de tant d’autres :
« La peur de mourir assassiné
Dans la rue, dans le métro,
N’importe où »
Sarah Kéryna égrène la douleur due à « l’exhibition de la cruauté comme marque de fabrique », sans jamais l’asséner :
« Charlie, les terrasses,
Le Bataclan, Nice, Saint-Etienne
Du Rouveray, Magnanville,
Londres, Manchester, Orlando,
Barcelone, Cambrils,
À l’intérieur de moi ».
Et de nous tous.
Elle consigne des fragments de son quotidien, ordinaire, dans un désordre qui semble figurer cette fragmentation :
« J’ai fait des mouvements/ pour détendre mon dos »
« Dimanche, la grisaille à nouveau »
« Monter descendre du trottoir, plusieurs fois/Durant la journée »
« C’est souvent les lunettes de soleil que je cherche au dernier moment qui me mettent en retard ».
Ces petites touches font alors office de contrepoids à la lourdeur du monde, avec une certaine candeur, celle de l’enfance soigneusement préservée :
« Je ne me rappelle pas avoir « recroisé » en rangeant récemment le petit bougeoir en argile peinte, violet, ébréché, que j’avais fabriqué en classe. ».
Ce livre est de circonstance. Plus encore aujourd’hui, après les meurtres barbares de Samuel, Simone, Nadine et Vincent. Sarah Kéryna a su mettre en relief ce qui nous est infligé, sans ornement, en noir sur blanc. La poésie nous est plus que jamais nécessaire. »
Véronique Vassiliou, Sitaudis