trône unilatéral aux cervicales élitistes
enjambe l’abri social où la grive cherche répit
amnésie historique nihilisme éclectique devant le plastique
aux allures cupides
diluer pour mieux régner alors régnez régnez
le temps d’une mèche le temps que l’essence s’amenuise
les catalyseurs tirent sur la réaction et le brouillard s’irise
trône unilatéral aux cervicales élitistes
écrase le nid social où l’oiseau migrateur y cherchait demeure
ne regardant l’étranger qu’au fond des tranchées les bourgeois sont
troublés de voir passer les langues
car leurs yeux ont bouché leurs oreilles
et leurs bouches ont voilé leurs yeux
d’une langue convenue et rigide contre nature et frigide
trône unilatéral aux cervicales élitistes
l’eau trouble de ton étendue putride
matraque et gaz en surface vaseuse
fait déliter les pierres des carrières
avalanche de colère emportant la foule rueuse
au seuil de ta porte vernis
agglomérat d’idées folles je rêve de noir et de béton fragile
le souffle tapote mes veines — gravats rouges contre grillage vert
par la fenêtre demain est en travaux : portes blindées showroom
bureaux privatisés
les sirènes de la ville sont gluantes
itinéraire en courbe aux abords d’un chaviré
la vitesse n’a plus d’effet
contraction musculaire qui me parle de — ignorance rancunière
à nouveau les parcelles défilent s’effilent
mouvement à contre-courant — il s’éloigne plutôt que
sensibilité accrue à la lune le crépuscule m’octroie
il y a des champs qui passent il y a des arbres
le soleil justement voilé
et les dernières gouttes d’une pluie angélique
dans une boite à forte concentration humaine
je me sens du mauvais côté de la vitre
et maintenant l’attente
l’attente d’un ressenti d’un stimuli que la froideur
qui me colle à la peau s’absente
à la délicate température de la complétude
le risque écarté que mes yeux débordent au bord du vide
à mi-hauteur entre le sol et son atmosphère opium léthargique
où se situe l’urgence dans l’état où se situe l’état dans l’urgence
son pays est nulle part où vont les reflets du miroir cassé
sortir de l’identité pour faire saillir de brefs moments printaniers
poésie du naufrage espèce de paysage
il cherche un lieu où s’arrête la fuite mais ne trouve qu’un recoin
escarpé
son pays est nulle part où va l’encre du livre mouillé
le soleil ne traverse pas l’ombre pourtant l’ombre existe par le soleil
ou alors la pénombre nous mange et alors le soleil n’est plus
où se situe l’urgence dans l’état où se situe l’état dans l’urgence
quand la justice humaine expire sur le seuil
sur la stèle de l’arbre aux généalogies nébuleuses
l’avorton enseveli d’un tumulte fratricide
arpente les branches autochtones à l’ossature vacillante
retour sur un pourtour
aux innombrables strates bercées par les vautours
monceau aggloméré sur l’humus du présent
rameau humide vaporeux allergique maladif
miasme épidémique alangui sous la peau d’une démence hagarde
dis-moi où se trouve ton épave sur le méridien embrumé
sur la stèle de l’arbre aux généalogies nébuleuses
l’avorton enseveli d’un tumulte fratricide
ton épave embrumée dis-moi méridien
avant que le ruisseau se range inapte à l’ardent
Juaz Tefe
Revue Pli, numéro 11