Commun

Le commun est mon nomos, mon cosmos, ma perspective, ma limite.
Une limite qui n’est pas à défendre, qui n’est pas une frontière,
qui peut être transcendée, développée.
Le commun m’enracine, me dépasse.
Le commun comme non-coïncidence fondamentale de chacun avec soi-même et autrui.
Comme partir-de-soi par le milieu, rencontre de soi-en-autrui, et inversement.
Comme négation d’une partie de soi et mise en jeu dans l’autre.
Comme politisation offensive d’une désubjectivation.
Ma subjectivation est une question de perspective, un point de repère dans chaque situation.
Le sujet n’est que le principe de rencontre.
Le commun c’est ce en quoi je ne suis pas moi.
Et comment ce n’est pas moi qui n’est pas moi.
C’est l’assomption de ma propre contingence, de l’immanence de moi.
Je ne sais pas de quel commun il s’agit mais c’est l’espace potentiel du commun.
Ta différence et ma différence ne sont pas différentes.
Dès que l’un ou l’autre valorise sa différence – en tant qu’il s’y identifie sans reste –
L’écart à soi se transforme en fêlure et je me lézarde de part en part.
La différence d’un homme vis-à-vis de lui même est la même que celle d’une femme vis-à-vis d’elle même.
L’accomplissement de notre différence, réside dans notre manière d’habiter, l’entre 2 chaque phénomène.

Au plus profond de moi-même,
Se lie sans raison
Mon autonomie
À ma participation du fond de la vie.
Commune
L’ombre de toutes mes actions
De toutes mes paroles
Quand moi et toi s’engendrent
Il reste entre nous-deux
Cette mince ligne de crête
Qui n’est à personne.
Que nous reconnaissons.
Décidons de laisser-être
Comme équivoque horizon.
Compagnons prodigieux
Notre seule demeure
La chair n’est pas anonyme

Sophie-Agathe Amazias
Revue Pli, numéro 10, 2019

Pli n°10
Écrit
Sophie-Agathe Amazias