Débutant sans fin

Nous murmurons des trajectoires impossibles. Du temps que nous poussons comme des enfants. Nous poussons le temps, tout autant nous le défions. Il y a une fin d’un monde. Des épaules pour tenir un sac vide. Digne de quoi. Nous frayons notre passage, bon an, mal an. Nous n’avons jamais quitté l’enfance. Par delà les lignes droites et les âges sans raison. Tout au fond de quelque chose, il répète qu’il y a tout au fond de quelque chose. Il ne dessine pas un chemin quand il écrit. Pas de lumière. Dans le monde de la nuit nous tombons. Chef illégitime chef. Tous chefs illégitimes chefs.

« … Les autres doivent s’arranger comme ils peuvent, repartir sur un autre pied et avec peu de chose. Ceux-ci font cause commune avec les hommes qui ont pris à tâche d’explorer des possibilités radicalement nouvelles, fondées sur le discernement et le renoncement. Dans leurs bâtiments, leurs tableaux et leurs récits, l’humanité s’apprête à survivre, s’il le faut, à la civilisation. Et surtout, elle le fait en riant. Ce rire peut parfois sembler barbare. Admettons. Il n’empêche que l’individu peut de temps à autre donne un peu d’humanité à cette masse qui la lui rendra toujours avec usure. » (W. Benjamin, Expérience et pauvreté)

Cogné contre le monde intact le monde rigide toujours droit le monde dure réceptacle. Pour écrire je témoigne des accidents du corps contre le sol. La nuit j’ai disparu. Où me suis-je éparpillé. Dans quel état dans quel coin de quel voyage. Visage esseulé, visage cogné, visage éclaté. Éclaté contre la nuit, éclaté contre la durée. Nous pensons à nu et l’absolu nu de tout. Notre obsolescence programmée. Les conditions objectives réunies plus une suite de verbes d’actions. Nous prenons le soleil et le maquis. Tout ce qu’il nous reste de débrouille. Chaque matin Joseph K. revient. Il n’y a pas de victoire, toujours naissant, nous sommes débutants sans fin.

L’autre choix étant d’évoquer le pied de l’arbre et la capture de la lumière par la lumière. ( silencieuse / )

126 – Passage noyé des voitures dans la rue (Dist. Env. 5M ) / Passage noyé des voitures dans le bruit des voitures précédentes ( ou précédemment noyées ) /
Passage noyé des voitures dans le bruit noyé de la rue précédente / noyade du bruit dans le bruit. (artificiel)

Autour du montage simple il y a un autre morceau de bois taillé en forme de Y, jamais terminé.

Où sont ces cabanes. Quitter ce lieu. Attraper le vent. Dans l’idée. Et le souvenir. Ici, ( sans image )

est inadmissible œuvre complète

Je baisse la tête et ramasse les restes de mes restes.

Extrait des nasses :

Fer en pointe. Ce sera le commentaire de notre quotidien.
Cette humanité passagère fait face. Elle laisse tomber le fruit de son épaule. L’image du fusil du bruit de la nuque brisée dans la vidéo. Je ici.

Une marre dans laquelle il nous faudra déchiffrer. Elle se défait entièrement. L’image. Devenir mutin. Chaque développement est diminué.
Entrer mot de passe. Ce sont quelques courbes précises qui se joignent. Maintenant. Ce pourrait être un film qui ne commence jamais.

Justin Delareux
Revue Pli, numéro 05, 2016

Pli n°5
Écrit
Justin Delareux