On raconte que des âmes préexistaient aux corps et qu’elles
furent cachées dans un autre monde. Maintenant émigrent de
corps en corps. Habitent pour un temps mortel seulement.
La Dormance
L’ennui arrive. Il est là il me sent. Il me cherche. Par la fenêtre.
Il serait là, par la fenêtre s’il devait être là. C’est infini, l’ennui est
infini. Il me pèse. Il va me peser il approche. Seulement il ne m’a pas
encore eu. L’ennui est infini parce qu’il est giratoire. Ou. Infini parce
qu’il se propage en moi comme, de l’air. Il entre. Il va entrer en moi.
Comme, hier. L’air se propage en moi et me fixe. Hier ne me viendra
plus, l’ennui, si.
sac oublié un seul élève petit seul cours ensoleillé
Le texte est sous mes yeux. Il faut le lire. Il reste là. De l’autre
côté sous mes yeux, de l’autre côté. On ne peut pas aller dedans.
Le texte est dehors de l’autre côté sur la table. Quelqu’un parle. De
l’autre côté il y a des indices. Le texte est trop loin. Sous mes yeux.
De l’autre côté. Sur la table cependant. Il me toucherait presque, la
feuille. La feuille est touchée par mes doigts. Elle n’a pas vraiment de
chaleur. Elle n’est pas vraiment froide. Une voix me parle. Le visage
me regarde. Il provoque mes muscles et m’arrache un sourire. Un
sourire à côté. De l’autre côté comme, hier.
Il n’a pas d’ami, je ne sais pas, il n’a pas d’ami. Ça arrive. C’est
comme ça. Comment savoir. Hier ne pouvait pas savoir non plus
comme, hier. L’air ne se voit pas ce n’est pas possible de savoir l’air
le vent. Si. Il fait des choses aux arbres et aux branches. Les branches
bougent, les arbres bougent. On ne sait rien du vent. On sait le vent
par les accidents. Il fait des choses aux choses. Les arbres bougent les
papiers volent ça peut faire froid. Le vent ne se voit pas l’air ne se voit
pas ce que fait le vent se voit. On voit la conséquence du vent jamais
le vent comme, l’air. Se propage en moi est infini l’ennui est giratoire
il tourne il est sans fin. L’heure ressemble au vent et à l’ennui. Elle
tourne ne s’arrête jamais. Le premier hier de la longue suite de tous
les hier qui s’accumulent dans la masse encore petite qui me fait
bouger et manger. Il n’a pas d’ami parce qu’il n’a pas de papa dit une
voix comme, l’air. La voix comme l’air ne se voit pas. Ça sort ça fait
du bruit, un petit bruit, minuscule elle. Elle a une voix minuscule
comme l’air elle ne se voit. Pas. Le visage si. Il me regarde m’arrache
une grimace. A côté comme, le premier hier de toute l’année.
Les choses n’arrivent qu’à ceux qui peuvent les raconter.
Criblé comme un mur être criblé de balles Simon est criblé de
coups n’a pas de papa c’est comme ça comment savoir l’indice est
dans le texte. De l’autre côté. Encore comme, hier. Pourtant hier
m’a fait donner des coups au petit tenu par mes mains. Il hurlait.
Ça durait c’était fort. Il hurlait et. La voix est sortie avec son corps
c’était très fort ça a tout arrêté. Son visage a fait à mon visage. Stop.
C’est comme ça ça s’arrête. Le petit est parti. Ça ne se peut plus. Le
corps et la voix sont là. Ils punissent. On ne pouvait pas voir. On
ne pouvait pas savoir que le visage de la voix entendait tout. Elle
continue la voix dit qu’il faut prendre le stylo. La main prend le stylo
rouge et écrit le titre au centre. Les visages avec les voix s’agitent font
du bruit tout le monde questionne et répond. Pourquoi. Simon. De
l’autre côté. Pourquoi tout le monde dit qu’il est là. Mon doigt sur,
la feuille montre que. Simon est dans la feuille. De l’autre côté. Non.
Mon visage fait semblant que oui. Comme le premier hier de tous
les hier qui constitue ma petite masse encore petite masse. Chaude
masse noire des cheveux face à mon visage ses cheveux à elle. Dans
ma main sont tirés par ma main. Les cheveux sont ok. La voix aiguë
et stridente sort de son corps retire les cheveux de mes yeux pour
son visage. Méchant. Hurle se plaint. Punition punition. Et – corps
immense au dessus de moi – professeur. Le carnet dans ses mains.
Son visage fait à mon visage. Stop. Ça me tombe dessus. Un poids
sans air un poids sur une chaise dans une salle. Ça ne se peut plus.
C’est trop lourd ce corps. Ça ne ce peut plus ce corps qui tombe
sur sa chaise sans tomber. C’est très lourd dedans et dehors. L’air
est parti, chassé par les voix. Comme, les fantômes. Les monstres
sous le lit. Tout est lourd et à l’arrêt. Le réel ne flotte pas. Les autres
sont comme le vent. Comme, l’air par accident. On les découvrent
par accident. C’est comme ça qu’ils se présentent à moi. Comment
savoir. On ne peut pas. C’est comme ça. Les autres ne flottent pas.
Ils ont trop de matière. Ça fait mal. C’est péniblement. Aussi.
Pénible oui.
Enfants parsemés s’agglutinant la masse qui me possède s’y heurte.
C’est bien c’est drôle tout ça fait rire c’est de la grammaire créative
– Chaotique ! la voix immense du corps très grand revient. Le carnet
part dans ses mains. Les cris partout. Les rires partout. Dans la cours.
Ensoleillée.
Comme, hier. Les heures s’amassent dans la salles, des retenues.
Elles sont giratoires et se. Répètent c’est écrit. Peut-être. Dans les
pas les couloirs le hall tout résonne ça s’entend c’est, drôle. Comme,
l’air, circule comme voix entre en moi me parle et me capture. C’est
drôle se répète c’est continue ou. Pas.
Un texte est une surface dure et résistante les yeux se cognent dessus.
C’est tout. La feuille du texte adhère à la table et la table adhère à la
feuille. Le texte est collé à la table c’est une surface dure c’est tout.
En hivers les textes sont froids. Les indices ne se voient pas comme,
l’air le vent les textes se voient par accident. Ils gondolent les pages
du cahier. Lourd de colle. C’est pour ça que les feuilles tombent par
terre au sol c’est moins lourd que dans le sac. Au fond, dans son
fond l’Histoire et la littérature récupèrent les miettes des gâteaux
et la compote écrasée. Au fond du sac. C’est pratique.
Ou pas c’est comme ça comment, savoir. Ça se colle agglutiné le chien.
Du voisin vient souvent et nettoie le sac rien, ne s’oppose à cela.
C’est pratique il semble. Le bus ne vient pas c’est long comme, hier.
Comme l’air le vent par accident fait froid l’attente fait, froid comment.
Savoir quand le bus viendra nul indice nul part partout l’attente seulement.
Le bus s’attend son passage est hasardeux c’est comme ça.
Le fond aspire tout ce n’est pas écrit mais c’est ainsi. À mesure que
les minutes passent il aspire. Y a-t-il un commencement à tout cela ?
Cela s’ignore mais. Est ainsi. L’ennui est giratoire il tourne il est sans
fin comme, l’air qui. Féconde sa semence. Est hasardeuse comme le
bus qui comme le premier hier de tous les hier ne passait pas.
Car tout est aussi mystérieux qu’avant.
Féconde est sa semence. Est hasardeuse comme le bus qui comme
le premier hier de tous les hier ne passait pas. Comme le bus les hier
et le temps s’accumulent dans mon corps dit-on qu’ils alourdissent.
Hier ne fait pas grandir. Il. Alourdit.
C’est tout.
Est hasardeuse sa semence comme le bus féconde le premier hier
de tous les hier de cette vie ne passe pas alourdit seulement.
C’est tout.
Amandine André
Revue Pli, numéro 11