La violence de la ligne droite

pousser les limites
vomir sur votre bonne conscience de bons citoyens
vos légitimations plus ou moins valables
à moi la bagarre et la vitre cassée
à moi la racaille et les créoles
les pauvres ne volent pas ils se font justice
moi qui ai appris la langue des énergumènes
je me fais du soucis pour sortir leurs bouches de ma langue
et l’impertinence à peine dissimulée
n’est pas une sortie mais un cercle

et sortir de la prison
et mordre la langue économique et profiteuse
et enfin sortir cette momie du mausolée
les sortir tous mais eux toujours
sous la terre sèche et maudite

je me dis que je ne sais plus voir
cette beauté de la résistance quotidienne
est-ce tout ce qu’on a
pour continuer à nous lever ou pas ?
car les affiches ne me parlent plus

je conduis vers le sortilège
je vous fais rentrer dans la vulnérabilité
je ne réfléchis pas
j’habite l’histoire comme je peux avec les chaussettes trouées

toutes ces robes
toutes ces robes brûlées le lendemain de ta mort

Carmen Diez Salvatierra
Revue Pli, numéro 11

Pli n°11
Écrit
Carmen Diez Salvatierra