L’aborde

s’emparer de les bords l’aborde

dès qu’on a les mains dans la terre

on se pose des questions de ce qu’on

a sous les pieds on se pose des

questions très souvent je suis

remonté sur une autre barque

très souvent je fais des clafoutis

alors le vocabulaire de la

linguistique et de la botanique

du soir au lendemain soir

fructueux les mains dans

la terre on prend une

décision on ne mange plus

une pomme de terre de la

même façon se balancer

ce n’est pas du tout descriptif

des quartiers d’été sur des

questions vives mais non

brûlantes embranchement

embranchement se fait

sentir est-il besoin d’être

lisible visible tout est

anachronique on est pas

fou on est latéral on

est parti c’était la grâce

et on essaiera de trouver

des trouées l’arrêt et

la maladresse du

matériaux s’adresser au

papier mais mal comme

une enfance sans écho

ne retrouver rien rien de

cette histoire seule à

nouveau avec l’écriture

et sans pensée reflet

d’une litanie intérieure

il sera question d’ouvrir

sans la malignité du

discours là il n’est

pas aisé d’écrire il

n’est plus question de

compression il est question

de lignes de bandes

de faces de longueurs

interminables mais

quel est cet outil

cet outil impossible

cette lumière entre les

arbres le son feutré

des feuilles des hêtres

entre elles le feutrement

s’applique sur la prairie

les couloirs se constituent

en temps réel l’approche

par le sens coule à pic

comment tu ne sais pas

ce que tu fais comment

tu ne sais pas ce que tu fais

le piège doux de la notation

pas de la description

départ aspérité caillou

pente chemin frontière

tonte moelleux

infiltration rebord

se retourner et

ce ne sont que les têtes

qui bougent le matelas

était familial le traversin

est une personne en plus

pour parler du dehors encore

une personne dont le regard

s’engouffre tu peux y aller

ce serait bien que tu passes

un coup de tondeuse j’ai

tondu je me situe en

visiteur quinze jours après

il n’y avait plus une

fleur plus une vivace

c’est une zone qui a vingt-cinq

ans la vallée du jardin

le grain de folle avoine

s’enfonce dans la boue

tout seul on ne peut tout

avoir personne ne s’assoit

sur cette chaise le plafond

descend doucement poussière

végétale dans la pupille

directement dans la pupille

une poussière se dépose au

fond des pupilles la question

de l’évanouissement et

du dessaisissement et de la

concentration que la forme

impose la peau s’étend

au contact du bois la

manière dont le bois est

tourné pour inviter la paume

à la caresse la manière

dont les gouttières

dans le bois invite à la

volute volute du bois

volute de la main

contre-forme du mouvement

évanouissement appel

de ce qui est enroulé

un pli lent la politique

du pli la poussière des

paroles précédentes la poussière

des pensées précédentes ce

n’est pas sous le regard cela

n’existe pas sous le regard

et tout bouge le fond du

paysage une crête une brume

un chemin et vous dedans

un genre en voix de disparition

le dépôt pour réorganiser la

mémoire le sommeil gagne

la mémoire le fond de

la voix est ici un léger

trémolo le fond se termine

toujours la voix s’éteint

dans la voix le silence n’est

donc pas nécessaire il faut

que je vois sa bouche il faut

que je vois d’où provient la

voix la question du recueillement

inconcentration d’une

parole ressource milieu

présents les vides

gouttière du bois des volutes

quatre vides dans les

verres à pied entourés de

reflets possession de

l’éclairage fois quatre oubli

du plafond par le vide quelle

forme cela doit prendre pour

l’audibilité maintenant le

tissu un galon maintient

les fibres une lisière de

galon dans les coins la

manière dont le bois

s’agence avec lui-même

avec le tissu le fait

qu’on était impossibles

revenir à la respiration

c’est pour ça que tu souffles

en fermant les yeux le champ

du bois apparaît la

voix se double elle-même

s’hésite se lit se travaille

en temps réel une main

prend l’avant-bras et

ramène la peau fine souple

et l’autre frotte l’avant-bras

encore le confort le

rassurement de la lenteur

tendre le seul pli possible

entre la lampe les verres

la carafe le micro l’écran

j’aimerais voir sa bouche

pour saisir l’effacement le

déplacement permet

de détecter le feutre sous le

poids il y a encore beaucoup

de monde ceux qui n’en

peuvent plus dont la parole

affleure dans l’envie d’en

être de quelle façon sinon en

faisant un accro au tissu et

rapidement le débit comme

le nom le regard de

réception de l’intelligence

se porte évanouissement

à nouveau amener vers

quelle est cette concentration

où est cette concentration

elle souffre ensemble

des traits subsistent entre

les lattes noirs cirages

et les pas évanouissement

la question de la propriété

mentale absolue sur le

monde il est question de la

propriété le luxe du

déplacement le grand luxe

du déplacement comme tirer

son épingle du jeu du feu

l’humilité l’humidité

le projet de la parole et

du silence la lumière

dans les lattes du bois

comme son feu brûlé dans

les coins et sa rupture

le bruissement maintenant

s’est chargé d’une façon

plus gravitaire la mise

des lunettes sur le nez

correspond à une modification

du timbre et du volume

de la voix l’échelle

de chaque lunette

correspond à l’échelle des

boucles de ses cheveux chacune

permet de croiser les regards

les angles sont mouvants

rythmes de la parole

taux d’hygrométrie pression

atmosphérique distance du

savon se faire à la ligne

du double pli écrire au

verso en même temps un

déroulement les reflets stries

sur la monture transformées

dans leur apparition leur

existence sur les quatre

verre à pied renversés

secs vides l’économie est

un silence un somptueux

silence par jour

ce serait une leçon

circulation des contre-formes

membranes se déplaçant

toiles aux points d’attache

prêts aux déformations se

rejoignent une forme du

réel l’envie de dormir

au collet se blottir se coucher

contre autour du collet au tronc

du hêtre fût droit la tendreté

de l’écorce soutient la

mousse suspension à

l’angle des dimensions

l’espace ligne de fuite

comme l’angle des boucles

la formation des boucles

date de quand le

rapport de familiarité ne

préexiste pas une

fente dans le voile est

possible le flux devient

visible l’ouverture grille

ce qui nous regarde brûle

le sens transperce dont

nous ne voyons que l’écho

Esther Salmona
Revue Pli, numéro 08, 2017

Pli n°8
Écrit
Esther Salmona